allaitement·Bonjour Mamreva

Bonjour Mamreva – Temoignage allaitement « Allaitante dans l’âme »

 

Voici le témoignage de Stéphanie, si touchant et si poignant, on sent tout le combat mené…  

Je suis Stéphanie, maman allaitante, ou plutôt, maman allaitante dans l’âme.   J’ai toujours rêvé d’allaiter le jour où j’aurai des enfants. En effet, avant même de tomber enceinte mon choix est déjà fait. Je rêve de cette fusion corporelle avec mon enfant. Julien le papa un peu moins, on en discute souvent puisque je passe mon temps à lire et me renseigner au sujet de l’allaitement. Cette idée de « prêter » mon corps à notre enfant le rend septique, sans savoir expliquer pourquoi. Et puis, au fur et à mesure de la grossesse il prend conscience de l’importance de cet acte, autant pour moi que pour notre enfant. Je lui fais promettre de ne jamais me laisser abandonner, parce que après accouchement je risque de perdre possession de mes moyens avec l’épuisement.    

Pendant le travail, je ne pense qu’à une seule chose, notre première mise au sein. Cette image me permet d’accepter la douleur et de laisser le travail se faire. J’ai si hâte, j’insiste lourdement avec le personnel soignant : Aucun allaitement de substitution, je veux mettre ma fille au sein dès ses premières minutes de vie.  

Les heures passent après la perte des eaux. 8, puis 12, puis 24, puis 48. Mon bébé ne sort pas. Il faut partir en césarienne d’urgence. J’ai peur. Je suis fatiguée. J’insiste encore, Julien s’il te plaît, garde la dans tes bras du début a la fin, ne les laisse surtout pas leur donner un allaitement de substitution.  

En salle de réveil mon souhait est respecté. Enfin, ce moment tant rêvé. Épuisée, je mets pour la première fois ma fille au sein. Elle rampe toute seule, je n’ai nul besoin de la guider. Le gauche je me souviens encore (gauchère comme maman?). Dieu merci pour ce moment hors du temps. Son nez contre ma peau. Sentir son souffle, s’endormir contre moi. Elle tête comme une chef c’est dingue, un si petit être qui tête de façon innée ainsi.    

Les heures passent. 8, puis 12, puis 24, puis 48. Personne ne vient m’aider pour mettre ma fille au sein. J’écoute mon instinct de maman et en fonction des douleurs qui arrivent je la change de position, du moins j’essaie. Je découvre, tout comme elle. Mais l’appuyer contre moi me fait très mal aux agrafes de la césarienne, alors je fais comme je peux.    

Ma fille contracte une infection et doit partir en néonatologie pour surveillance jusqu’à nouvel ordre. Il n’y a pas de chambre mère/enfant. A l’annonce de la nouvelle, c’est la goutte de trop: Je m’effondre et Julien aussi. Je dois donc faire les allés-retours entre les services plusieurs fois par jours pour aller la voir puisqu’on refuse de m’y servir mes repas. Je suis épuisée. Qui dit césarienne, dit montée de lait plus tardive que voie basse (24 à 48h de plus). J’ai mal aux seins, ça me brûle. J’ai mal aux agrafes. Les œdèmes de mes jambes qui ont triplé de volume me brûlent. Mais je dois allez lui donner le sein si je veux que ma montée de lait se fasse au plus vite. Chaque mise au sein devient très douloureuse à en pleurer. On me propose les bouts de sein que j’accepte. Ma fille continue de réussir à téter avec mais j’ai les seins en feu et les nerfs qui lâchent.    

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La montée de lait n’est toujours pas là et ma fille pleure beaucoup, on me dit qu’elle à très faim et qu’il lui faut un complément. Je suis septique. D’après mes informations il me semble que le colostrum qu’elle à intégralement ingéré les 48 premières heures lui permet de patienter jusqu’à la montée de lait. Le personnel soignant me maintient que non. Bon, finalement il vaut peut être mieux faire confiance aux professionnels qu’aux livres… Et puis, je n’ai pas la force de me battre et d’insister. Ok pour un complément mais j’exige un DAL. Accepté. Ma fille à chaque tétée à droit à un bon complément. Après la tétée elle est tellement paisible, le lait coulant de sa bouche complètement endormie. Elle est rassasiée. J’ai sûrement bien fait.  

  Une fois l’infection soignée, nous pouvons revenir en chambre dans le service césarienne et donc quitter le service de néonatologie. Quel soulagement. L’heure de la tétée arrive et je sonne pour demander comme à mon habitude le complément pendant la mise au sein. L’auxiliaire me dit que non ils ne font pas cela ici. Pardon ? « Ben oui madame, soit vous donnez le sein, soit vous donner le biberon mais on ne donne pas de lait à la paille ici ».

Je regarde Julien… Mon Dieu c’est quoi ce délire ? Que fait-on ? Je n’ai toujours pas ma montée de lait et ma fille hurle de faim. Cette fois-ci je n’ai pas de doutes, elle a bien faim. Puisqu’en lui donnant les compléments ils ont permis à son estomac de s’agrandir et se préparer à recevoir en quantité. Chose que je suis incapable de lui apporter sans ma montée de lait. Les heures passent, ma fille s’énerve et refuse le sein puisqu’elle a faim et rien ne vient. J’ai terriblement mal au sein, tellement que les bouts de seins ne suffisent plus et je n’y arrive plus.  

  Je me souviendrai toujours de ce 20 Octobre 2018, quand j’ai appuyé sur le bouton de la sonnette pour exiger la venue d’une sage femme : « Bonjour Madame, je souhaite arrêter l’allaitement et passer au biberon s’il vous plaît. C’est réfléchi et discuté, merci de ne pas insister et de m’apporter ce qu’il faut pour nourrir ma fille. » Elle m’a répondu « C’est la meilleure décision », et m’a apporté un biberon dans la minute qui suivait. Je ne me suis pas sentie capable de donner ce biberon, j’ai donc demandé à Julien de le faire. Il l’a fait, avec les yeux qui brillaient, le nourrir au lèvres. Quant à moi, afin de ne pas gâcher ce moment, je suis partie dans ma salle d’eau pour pleurer toutes les larmes de mon corps. J’ai échoué, mon Dieu non j’ai échoué. Mais pourquoi ? Qu’es-ce que j’ai fait ? Les visites des proches se font la journée, tous à nous dire que « C’est beaucoup mieux le biberon tu verras elle fera vite ses nuits. Elle te laissera tranquille et puis tu pourras lui donner partout ». S’il vous plaît taisez-vous, taisez- vous. La nuit suivant la montée de lait se fait, je souffre d’une force comme je n’ai jamais souffert. Ma fille souffre énormément aussi puisque dès qu’elle s’approche de moi elle hurle. Nos deux corps sont en plein fusion, elle me fait comprendre qu’elle veut mon sein plus que tout et je suis tellement épuisée que je suis incapable de le voir. A ce moment précis je suis perfusée pour anémie et je n’ai absolument pas idée de la mettre au sein. J’ai juste besoin de me reposer.  

  Les jours se suivent, on rentre à la maison. Ma fille prend son biberon toutes les 3h, elle dort entre et ne pleure jamais, ne fait jamais de bruit. Malgré cela, je fais un énorme baby-blues. J’ai beaucoup de mal à m’en occuper. Beaucoup de mal à accepter de la nourrir au biberon.   Aujourd’hui ma fille se porte très bien. Mais le plus gros regret de ma vie est d’avoir abandonner si facilement. De ne pas avoir réussi à poursuivre mon rêve. Mais je pense que c’est légitime, j’étais épuisée. J’ai été mal entourée et conseillée. Non ce n’était pas la meilleure chose à faire, c’était juste la façon la plus simple et la plus lâche de réussir. J’en ai beaucoup voulu à Julien de ne pas m’avoir poussé dans mon allaitement, mais lui aussi découvre ce rôle de papa et avec le recul, je comprends qu’il n’ai rien fait de plus.  

  J’ai souvent pensé à remettre ma fille au sein. Je l’ai même déjà fait plusieurs fois. Bien entendu elle le refuse, et je n’ai pas les bonnes positions pour le faire puisque je souffre. Aujourd’hui elle à 5 mois passés, et il m’arrive de mettre mon sein contre elle, de lui mettre au contact de sa bouche et j’ai l’impression qu’elle ne sait même pas à quoi il sert. C’est une sensation horrible de se dire que la meilleure chose pour elle lui est inconnue. J’ai été contre nature, j’ai été contre son instinct et contre sa volonté et je resterai toujours sur cet échec. J’ai souvent pensé à une lactation induite mais je n’y arrive pas, je n’ai pas assez de force pour vaincre les reproches et pensées de nos proches. Alors, j’ai fait le choix de ne pas allez au bout de mon rêve et d’y renoncer, je me contente de souvent regarder les 1ères vidéos de ma fille au sein, en versant une larme de tristesse.     Malheureusement je n’ai pas accouchée, j’ai été accouchée. Et mon rêve d’allaiter s’est écroulé…  

Stéphanie, Maman allaitante dans l’âme.  

  – Bonjour Stéphanie. Grâce à ton récit, on se rends compte de la maman que tu es. Tu as essayé, tu as tenté mais n’a pas réussi. Ne prends pas cela comme un échec, les débuts ont été très difficiles, malgré tout tu as fais ce que tu as pu. Elle a eu ton or blanc pour ses premières heures de vie et c’est merveilleux. Bravo…

Un commentaire sur “Bonjour Mamreva – Temoignage allaitement « Allaitante dans l’âme »

  1. Bonsoir,

    Tu as été très courageuse ! Toi en tant que femme, en tant que jeune maman. Tu peux être fière de toi. Tu as fais ton maximum en l’instant présent avec les moyens et soutient que tu avais. Merci de ton témoignage, merci de nos permette de te lire.

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